5 facteurs de structuration pour la BAD

5 facteurs de structuration pour la BAD



Les plus grandes puissances de notre histoire ont toutes en commun la naissance d'un noyau dur, d'une ville, pouvant s'étendre a des kilomètres a la ronde pour former un vaste réseau de places, de centres religieux et administratifs, d'écoles, de parcs, d'usines, de marchés et de résidences, et exprimant un certain idéal.

Hier Chichen Itza, Persepolis, Ephesus, Angkor, Pompéi ou Machu Picchu, aujourd'hui Milan, Londres, Paris, Bagdad, New York, Tokyo, New Delhi, Karachi, Manille, Moscou, Istanbul, Buenos Aires…ces villes, d'abords noyaux gouvernementaux, puis régions métropolitaines et enfin régions urbaines, sont toutes nées de facteurs plus ou moins déterminants et non d'un quelconque hasard…

Leur germination, comme tout être organique devant se nourrir pour grandir ou simplement perdurer face a l'important défi qu'est la vie, est gouvernée par un potentiel soigneusement calculé.

Catastrophe ou pas, la stratégie de construire une "Base Autonome Durable" ou un domicile résilient, est pour le clan une promesse d'épanouissement…et il est alors important de considérer que son emplacement, son environnement proche et ses propriétés par exemple, sont des facteurs qui vont, tout comme avec la construction de nos villes, affecter son potentiel d'autonomie, de durabilité et de résilience.

La BAD de mémé...

On me demande souvent ce que notre priorité survivaliste devrait être.

Réserves de nourriture, eau, soins, kit de survie, EDC, protection personnelle, plans d'urgences, sacs d'évacuations, agriculture, lien social, énergie, argent métal…il y a tant a faire, et toutes ces sphères sont importantes, et devraient être construites si possible simultanément pour créer de la distance physique et temporelle entre soi et la fragilité du monde moderne, entre soi et l'accident tel un coussin gonflable de sécurité.

Mais tout ce bruit ne peut pas représenter la construction de notre idéal de vie.

La priorité du survivaliste n'est pas de faire des boites et des sacs en réponse a l'oppression grandissante d'un système fragile et douteux ou l'accident (réaction), mais bien de choisir une direction de vie (action), et dans ce contexte, le choix de notre domicile et les capacités qu'il regroupe pour nous promettre la qualité de vie a laquelle nous aspirons devrait être la pierre fondatrice et démonstrative de notre décision de non pas survivre, mais bien de vivre.

Notre domicile résilient est notre noyau dur…la représentation solide de notre idéal de vie, et son potentiel d'indépendance, d'autonomie et de résilience est influencé et parfois gouverné par certains facteurs qu'il nous faut explorer.

1 - La densité de population.




La densité de population exprime la relation entre une surface donnée et son taux de peuplement.

Quand bien même l'apologie ambiante et durcissante du politiquement correct nous veut adhérer a une pensée rassurante concernant les comportements humains, il suffit d'un peu de sincérité intellectuelle et de maturité émotionnelle pour s'apercevoir que si l'Homme est effectivement capable de formidables prouesses altruistes, de générosité et d'entraide, il est aussi capable de brutalités, de barbaries et de cruautés.

Quand "tout va bien", ces comportements destructeurs restent plus ou moins bien contrôlés par la totalité des outils a notre disposition comme la justice, les forces de l'ordre, l'armée, l'influence collective et la pression sociale, l'éducation, la religion etc.

Quand "tout va mal", la mathématique du comportement grégaire couplée au désespoir induit par le manque soudain de repères moraux et de ressources vitales, projette l'humain "juste-a-temps", et donc totalement dépendant du système pour son bien être, dans un recyclage de comportements largement prévisibles: vol, viol, violence, exploitation psychologique, abandon, délation, torture, meurtre…

La densité de population alentours devrait être notre premier facteur de structuration, tout simplement parce qu'il est impossible de gérer l'implosion morale de millions d'individus lorsque le vernis social laisse place a l'évidence des réalités de notre monde: l'homme est largement capable d'être un loup pour l'homme, et les lois naturelles de notre univers, jusqu'à preuve du contraire ou d'un changement fondamental de direction de la part de notre espèce, reposent sur la prédation.

Cependant, si une densité de population trop élevée implique certaines évidences numériques, logistiques et comportementales, une densité de population trop basse limite, entre autre, le commerce et le lien social.

2- Les ressources.


Il est impossible de prétendre a l'indépendance sans ressources vitales.

Nos supermarchés, notre tout a l'égout, nos centres de distributions, nos appareils d'approvisionnement en énergie et en consommables, nos chaudières électriques, le réseau de distribution d'eau potable…sont autant de systèmes de support qui viennent nous alimenter.

Nous sommes, littéralement, branchés et dépendant d'une machine complexe et fragile, et cette dépendance, toujours croissante, vient gouverner, directement ou indirectement, notre mobilité intellectuelle, physique et spirituelle.

Durant les sièges du moyen âge, une tactique largement adoptée par les forces envahissantes était de tout simplement interdire le flux d'approvisionnement de ressources vitales aux habitants d'une place "forte".

Peu importe la taille des murs, peu importe le nombre de défendeurs, peu importe la profondeur des douves, la taille des catapultes ou l'emplacement des tours…si l'approvisionnement en eau fraiche, en nourriture ou en bois de chauffe (énergie) est interrompu, alors les forces envahissantes contrôle l'âme du château…sa destinée.

Aujourd'hui, nous ne pouvons pas réellement refuser l'oppression d'un patron belliqueux, les pratiques de spéculation sur les denrées de bases, les pratiques de l'agri-business ou l'apologie de la destruction de nos écosystèmes au nom de la croissance absolue, parce que nous sommes, tout comme les habitants d'une place forte au moyen âge, gouvernés non pas par le consumérisme (le vivant doit consommer), mais bien le pouvoir appliqué au travers du contrôle de nos ressources vitales.

Qui contrôle la nourriture contrôle le peuple…et aujourd'hui plus que jamais, un domicile résilient est avant tout non pas un rempart isolationniste, mais une terre cultivable.

3- Les propriétés physiques.


L'organisation architecturale de nos domiciles a largement évoluée ces 50 dernières années.

En 1900, et avant le développement massif d'infrastructures plus ou moins complexes comme le chauffage central, l'organisation d'une maison était strictement dictée par la notion de thermorégulation. La taille, le nombre et l'emplacement des portes et fenêtres, la répartition des espaces et l'agencement des fonctions, étaient fondées sur l'optimisation des échanges thermiques.

Ces échanges thermiques étaient eux conditionnés par les méthodes de combustions de l'époque, principalement le bois et le charbon.

La découverte du pétrole bon marché a révolutionné nos espaces de vie. Les fenêtres se sont petit a petit agrandies et multipliées, les pièces se sont petit a petit élargies pour parfois n'en former qu'une seule, les plafonds se sont élevés, et nos cuisines se sont petit a petit vidées d'intérêt et de vie au travers de l'adoption et de la cristallisation du juste-a-temps.

Ce qui était fonctionnel et directement connecté a nos besoins physiologiques est devenu esthétisme, et finalement l'expression d'un individualisme guidé.

Avec la disparition progressive d'un agencement humblement encré au vital, la montée en puissance de l'urbanisme a achevé notre déconnexion primaire a la vie en détruisant notre rapport a la terre. C'est l'erre de la petite jardinière de balcon, de la plante de bureau, du square délimité, et surtout de l'appauvrissement systématique de notre indépendance nutritive et énergétique.

Les propriétés physiques d'un domicile résilient doivent optimiser non pas l'esthétisme pétrolier ou la cadence d'une marche post apocalyptique (bunkarisation), mais la résurgence d'un lien direct et pragmatique avec nos besoins primaires.

Des fondations solides, des murs capables, un agencement thermorégulateur intelligent et une cuisine vivante de rusticité et d'adaptation sont des facteurs qui devraient venir renforcer notre intention d'enracinement et de stabilité, tant physique que psychologique.

4- La proximité.


La proximité désigne l'ensemble des atouts ou des contraintes accolées a notre idéal de vie.

Au premier abord, nous serions tentés de penser que les villes offrent une proximité abondante d'atouts: Hôpitaux, cinémas, restaurants, bibliothèques, autoroutes, gares, supermarchés, musé, consommables, savoirs faire spécialisés, opportunités d'emploi, ressources sociales…les régions urbaines pullulent d'intérêts disponibles rapidement, et pouvant largement satisfaire nos besoins psycho-sociologiques 24h / 24h.

Si ce calcul de disponibilité et d'exigences plus ou moins primaires caractérise les régions urbaines et leurs routines, cette abondance reste dépendante d'un flux continu en ressources vitales venant d'ailleurs.

La ville ne produit pas, elle consomme, et d'un feu d'artifice sensoriel et logistique, elle détourne l'attention de sa réelle condition: la dépendance.

Beaucoup se penchent alors sur un retour a une proximité ciblée et réellement porteuse d'indépendance: Eau, nourriture, énergie, soins, éducation, tranquillité...
Cette proximité ciblée, une fois étudiée, nous permet de nous rapprocher de certains atouts vitaux comme l'eau et la terre, tout en nous éloignants de contraintes variées comme la pollution, l'insécurité, l'appauvrissement des sens, les pressions socio-économiques etc…

5- Facteurs de prospérité et d'entraide.


Choisir de privilégier une certaine décroissance en s'arrachant d'une densité de population importante, en privilégiant le terrain cultivable aux balcons bruyants, en privilégiant une organisation du domicile qui n'est pas de l'esthétisme mais du maintient de la vie et en s'impliquant dans une proximité dénudée d'artifices, n'est pas synonyme de tourner le dos a la modernité, a la technologie ou encore la société.

Durant l'effondrement de l'économie de l'ex Union Soviétique, les reculés, c'est a dire les personnes éloignées de toute structure communicante, ont dans certains cas beaucoup plus souffert du manque que les habitants de villes comme Moscow.

Le maintient des routes et de toute l'infrastructure de distribution: eau, énergie, médicaments, soins, nourriture, communication, produits bruts (acier, grain, textile…), compétences (plombiers, électriciens, vétérinaires, docteurs, réparateurs…) etc., est beaucoup plus difficile et souvent moins prioritaire loin des villes et des régions urbaines.

Puisqu'il est question de vivre, et non de survivre, le facteur de prospérité et d'entraide doit être respecté et venir participer a notre stratégie de structuration et d'idéal de vie.

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